Articles de Hagi
À son retour d’une campagne en compagnie de Toyotomi Hideyoshi sur la péninsule coréenne, le seigneur féodal Mori Terumoto rapporta avec lui au Japon deux potiers de Corée, Li Sukkwang et Li Kyong. Il y a 400 ans, ces deux frères étaient en charge, du travail qui a marqué les fondements de Hagi Yaki.
Alors que Mori Terumoto avait élu domicile dans le château de Hagi, Li Sukkwang a été invité à construire un four pour la fabrication de pièces de poterie spécifiques au fief. Les résultats étaient les premiers vrais articles de Hagi Yaki. Après la mort de Li Sukkwang, son frère poursuivit son œuvre et le seigneur féodal de Hagi lui a attribué le nom japonais de Hagi Kouraizaemon, un nom encore en usage aujourd’hui.
Le premier exemplaire de Hagi Yaki tient en grande partie son origine dans le style de poterie en vigueur en Corée à l’époque. Mais progressivement, des choses comme le raku ou le style rustique sont venues s’y ajouter et ont abouti à un style très particulier qui existe encore aujourd’hui.
Sa principale spécificité est sans doute son caractère rustique, qui s’explique en partie par le faible retrait lors de la cuisson. En outre, le produit fini est très poreux. Le fait d’être si absorbant fait en sorte qu’au fil des ans, lorsqu’un objet est utilisé pour le thé ou le saké, il devient taché et change de couleur. Les amateurs de thé admiraient particulièrement ce phénomène, appelé « cha-nare », signifiant au sens littéral « thé qui mûrit », ce qui signifie qu’au fur et à mesure de son emploi, il prend une forme esthétique de maturation.
Une autre spécificité est sa forme et sa décoration simples. En fait, Hagi Yaki n’a presque jamais de décoration peinte sous ou sur vernis. Son véritable charme vient plutôt de la manière dont le potier exploite au mieux les effets qu’il sait pouvoir escompter lors de la cuisson dans un noborigama, ou « four grimpant ». Cela se vérifie en particulier dans la façon dont les différentes associations d’argile réagissent, dans l’application des vernis et dans les marquages réalisés avec les outils de modelage.
Les principaux objets réalisés de nos jours concernent divers types d’ornements, des articles de table, des vases, des tasses, des bols et des théières.
Caractéristique
Les principales qualités du Hagi yaki résident dans sa douceur et son faible retrait thermique, ainsi que ses grandes capacités d’absorption d’eau. Grâce à ses propriétés élevées d’absorption de l’eau, si les conteneurs sont utilisés durant de nombreuses années, le thé et la liqueur vont s’y infiltrer et changer de couleur. Chez les amateurs de la cérémonie du thé, ce passage de couleur est dénommé « chanare » et est fort prisé. Une autre spécificité réside dans la simplicité des formes et des ornements. Dans la majorité des cas, les pièces ne sont pas peintes. Comme le dosage de l’argile utilisée, les conditions de vernissage, les traces de spatule, etc., produisent tous des motifs différents après une cuisson dans des fours ascendants, toutes les pièces sont conçues pour exploiter au mieux cette particularité.
Fabrication
L’argile Mishima-tsuchi ainsi qu’une argile locale appelée Ji-tsuchi viennent enrichir les principaux composants, l’argile Daido-tsuchi et l’argile Mitake-tsuchi, afin de produire une argile de poterie destinée à la fabrication des vases. Une fois l’argile moulée dans des pots par diverses méthodes, dont le tournage sur un tour de potier, le moulage à la main, le tatara, etc., on applique des encensoirs, des incrustations et des gravures pour cuire les pots en biscuits. Après la cuisson en biscuits, on applique un vernis. Une fois les pots vernis avec un vernis transparent ou blanc, ils sont alors cuits dans un four ascendant. Une fois dans le four, la teinte du vernis sur les parties qui sont en contact direct avec la flamme change ; ce changement est désigné sous le nom de « yohen ».